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Sur les Traces des Ducs de Savoie
La TDS est une des courses de l'UTMB autour du mont blanc, elle part de Courmayeur passe par Bourg Saint Maurice pour arriver à Chamonix, le tout pour 111km et 7000m D+.
Parcours TDS 2011 |
Nous sommes arrivés à Chamonix le mercredi vers midi, le
temps était correct et s’annonçait très beau pour les 2 prochains jours, tant
mieux !
Au retrait des dossards les contrôles étaient plus drastique
et les sacs entièrement vérifiés sur la présence du matériel obligatoire… Enfin
en fonction des personnes qui vérifiaient ! En effet Jean Eric n’a eu qu’à
jurer sur l’honneur qu’il avait tout alors que de mon côté j’ai du tout sortir
et user de toute ma ruse pour ne pas me faire planter sur mes gants qui n’avaient
rien d’imperméable. Il y avait même quelques bénévoles zélés qui testaient le
matériel notamment les fameux gants…
Après un repas plutôt léger le soir avec Emmanuel (qui
terminera 22è le saligaud ! pourtant j’ai mangé la même chose que lui je
comprends pas…) hop au dodo et merci Sarah d’avoir fait une bonne nuit.
Lever 6H30 on saute dans la voiture direction Courmayeur, je
m’envoie du gâteau sport (framboise chocolat mais c’est pour la science), ça
bouchonne un peu au tunnel on arrive vers 8h15. Je retrouve Jean - Eric qui va
se positionner quand à moi je dois accomplir mon rituel habituel (ceux qui me
connaissent bien savent de quoi je parle).
Les bisous à Delphine et Sarah et je rejoins Jean Eric au
milieu du peloton, dommage j’aurais bien aimé me mettre aux avant post mais il
aurait fallu arriver plus tôt.
Voici ce qui nous attends :
Profil |
Départ 9h pile (1220m) musique « pirates des caraïbes » mouais… y a mieux dans le genre vibrations.
Premier ravito au col Chercrouit (km7 1956m 1h15) on
mange un peu, pas besoin de recharger en eau, on reste pas longtemps. Les
premières difficultés commencent après avec un single track qui bouchonne.
Malgré tout les paysages sont magnifiques avec des vues sur le géant blanc côté
Italien puis la montée au col de la Youlaz (point culminant de la course 2661m)
où la c’est carrément l’embouteillage. C’est d’autant plus énervant que les
jambes piaffent d’impatience. Je commence à doubler et me prends des réflexions
sur le fait que c’est assez dangereux à cause des pierres qui partent, c’est
pas faux… je rentre dans le rang.
Je franchis le col (km11 2h36) avec quelques minutes
d’avance sur JE qui lui était resté calme. Du coup j’en profite pour prendre de
belles (je l’espère) photos et vidéos, on vient de bouffer 1500m D+ je ne suis
pas entamé. On attaque les 14 km de descente vers la Thuile 1er gros
ravitaillement. On débute par un single track à flanc de montagne puis on
descend vers la vallée, bonnes sensations mais les petites douleurs de rotules
commencent à pointer…S’en suit une longue descente sur bitume et sous le soleil
qui cogne décidément fort aujourd’hui.
Après 20 minutes on repart vers l’ascension du petit col
Saint-Bernard et la frontière française. 800m D+ devant nous, facile… Sauf que
le soleil et la chaleur écrasante pèsent. En effet cette montée dans les
herbes, les chemins de terre et un bonne piste s’avérera éprouvante et sera ma
1ère erreur de gestion.
Une fois la haut (km30 2188m 6h01) on ne trouve pas
tout de suite le ravito, petite panique car je n’ai plus beaucoup d’eau et il
reste un long chemin vers Bourg Saint Maurice. On finit par le trouver un peu
plus loin avec en prime un bon verre de soupe de vermicelles (pour l’anecdote
la bénévole qui me sert me met vivement en garde sur le fait que le dit verre
sera un peu gras après… Je lui rétorque que si mon seul problème sur 110km et
7100mD+ est que mon verre est gras
alors ça ira ! )
On repart de la bien requinqué par la soupe vers de
nouvelles aventures et encore une longue descente bien cassante jusque Seez
puis Bourg Saint Maurice. D’abord une large piste avec de belles vues sur les
pics enneigés au sud, puis un sentier forestier avec un arrêt étirements
(ouille les tendons rotuliens) et enfin l’arrivée à Seez (km41 897m) où
la fine équipe nous apprendra que l’on ne fera pas le passeur de Pralognan la
faute à un orage qui à détourné les premiers. La suite du parcours vers BSM
n’est pas très intéressante, c’est tout plat et en ville. Beaucoup subissent
déjà et marchent, nous continuons à courir pour s’imposer un rythme c’est pas
le moment de se laisser mourir.
A BSM (km44 813m 7h51) à peine sous la tente ravito
les premières gouttes tombent. Je prends une soupe qui a du mal à passer et je
recharge mon Camel avec ce que je crois être de l’eau claire et qui est en
réalité de la boisson énergétique goût citron… Je la garde quand même, ça
aurait pu être pire car il y en a aussi goût tomate… On repart sous la pluie
après un nouveau contrôle des sacs (veste et téléphone). Pluie qui ne durera
qu’une dizaine de minutes en fait. On
entame la montée vers le passeur de Pralognan (que l’on ne fera pas) d’un bon rythme
et je commence à ressentir un essoufflement inquiétant.
Au fort du truc (km50 1997m 9h31) on nous dévie donc
vers la route du col du Cormet de Roseland, ainsi nous empruntons une longue
descente sur bitume qui aura au moins l’avantage de faire disparaître
(temporairement) mes difficultés à respirer.
Nous nous attaquons ensuite à la partie la plus ennuyeuse de
l’histoire du trail la remontée par 8 km de route en lacet vers le col… Pas
grand chose à dire si ce n’est que c’est insupportable mais pas trop fatiguant.
Nous croisons nos supporter à mi-chemin. Nous arrivons aux chapieux pour le
début de la nuit, il est environ 21h c’est le moment de sortir les frontales
avec une courte montée (~200m) hors de la route puis 2 km d’asphalte pour enfin
atteindre le Cormet vers 22H (km 69 1967m 12h58).
La c’est le début des vraies difficultés pour moi, je ne
peux plus avaler grand chose, j’ai vraiment la nausée… Saloperie de boisson
énergétique elle est en partie en cause car c’est la première chose que je ne
pouvais plus supporter. On s’arrête longtemps : 45 minutes ici, mais à
vrai dire je suis tellement mal que ça m’est égal… J’essaye de cacher tant bien
que mal mon état.
Départ un peu avant 23H vers le col de la Sauce, je suis
dans le dur, les jambes sont la mais pas le souffle haché par la nausée. Une
fois au col (km72 2307m)le vent se lève et il est un peu moins chaud on
enfile notre veste. La descente est impressionnante surtout par son balai de
frontale qui nous laisse deviner son inclinaison. Mais elle est aussi
salvatrice, je me refais un peu et l’on s’accroche à un concurrent Japonais qui
descend très bien. Au passage du curé (qui doit être magnifique de jour d’après
les photos que j’ai vu) des bénévoles nous conseillent de ralentir car le
passage est très engagé et très technique. Sur notre droite : un gouffre
noir dont même la frontale n’éclaire pas le fond avec le grondement d’une chute
d’eau, ambiance…
Nous sommes à la Gitte (km77 1665m), un jeune trailer
abandonne, je sais que je vais encore déguster mais pas question d’abandonner
je ne le supporterais pas. On s’étire et un morceau de savane plus tard on
repart vers ‘Entre deux nants (16h50) et le col du Joly’. C’est l’enfer,
la nausée ne me quitte plus même dans les descentes, je peste, je râle contre
le sort. Heureusement la météo est clémente. J-E souhaite s’arrêter car il a
mal au tendon d’Achille, on s’allonge dans l’herbe face aux crêtes du Joly ,
j’ai envie de dormir. J’ai un moment d’inquiétude car je vois des frontales
très haut sur les crêtes mais qui s’avéreront en fait être des étoiles…
ouf ! Je m’accroche à JE dans la montée et sur les crêtes, heureusement
qu’il est en forme. Un GR passe par ces crêtes qui sont très engagées avec le
vide à notre gauche. On entend la voix du speaker qui anime le ravito du col du
Joly sans le voir, c’est interminable. Puis enfin la descente vers le ravito (km88
1989m 19h00).
Il est environ 4H du matin, j’ai bien envie de dormir,
certains y cèdent avec des couverture fournies par l’organisation. Je décide de
ne rien manger et de m’envoyer 2 grands verres de coca. C’est la meilleur
décision que j’ai pris depuis quelques heures. On repart au bout de 30minutes,
je suis bien vidangé, je retrouve le sourire. Après une large piste, s’en suit
la très technique descente de 700m vers Notre Dame de la gorge : racines,
sauts, pierres, blocs… Mais j’ai recouvré ma forme et je m’envoie ça avec
plaisir et sans sourciller (merci le GR20).
Direction les Contamines, 4km de plat, large chemin et
route, bof…
Aux Contamines (km97 1170m 21h59) il fait jour vers
7H et ça fait du bien. Ils sont tous la sauf Christine qui est restée avec
Sarah qui dort encore. La forme est la aussi mais on prend un petit coup au
moral, car j’avais annoncé à JE 600m D+ jusqu’aux Houches et c’est en réalité
1200mD+ avec un monstre : le col du tricot (mais c’est toujours mieux que
de passer par la Moria…)
Dans cette montée c’est au tour de J-E d’avoir un coup de
moins bien, il dort debout et je vois son visage qui s’affaisse. Heureusement
la descente qui suit le chalet du Truc (km100 1721m) le réveillera. On
aperçoit de magnifiques glaciers mais aussi le col ou plutôt le mur du tricot,
dernière barrière avant la fin des difficultés majeurs.
On enchaîne les lacets
d’un bon rythme et on se paye le luxe de rattraper du monde la dedans notamment
2 grecs (qui n’arrêtent pas de causer) avec qui on fait le yoyo depuis le
début. Une fois la haut (km104 2120m 24h22) on ne s’attarde pas trop le
vent est très fort, puis se calme quelques mètres de descente plus tard faisant
place à un soleil de plomb.
Dans la descente puis remontée vers Bellevue on commence à
retrouver de plus en plus de randonneurs qui nous félicitent et nous
encouragent. Nous sommes à Bellevue (km108 1801m 25h32) vers 10h30 et il
nous reste 800m D- vers les Houches. Les genoux commencent à souffrir
sérieusement d’autant plus lorsque l’agréable sentier forestier devient une
P@%£µ* de route bitumée.
Le ravito des Houches (km112 1012m 26h36) à 11h30
sera donc notre dernière halte, un peu de jambon cru, du coca et ça repart pour
8 km de plat en chemin quelque peu vallonné, à vrai dire il est temps que cela
se termine, cette portion n’est pas des plus agréable.
On entre dans Chamonix et ça sent bon la fin. Une fois dans
la rue principale on bombe le torse et on prend notre plus belle foulée, les
passants, les gens attablés nous encouragent et nous félicitent ils crient nos
prénoms (inscrits en gros sur nos dossards). Enfin Ce dernier virage
bien connu place de la liberté c’est presque la foule qui nous acclame et nous
transporte vers la ligne on pourrait finir à 20km/h !
Nous franchissons la ligne bras dessus bras dessous après
28H d’effort, 9 cols de plus de 2000m 120km et 7100mD+.
Très beau compte rendu...merci...et chapeau l'artiste...ça fait rêver...un jour peut être...
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