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L'ALV Team Trail est la section trail du club d'athlétisme de voiron. Elle est composée d'une 15 aine de personnes avec des objectifs et volumes d’entraînements différents. Les entraînements "officiels" ont lieu au Parc de la Brunerie de voiron le mercredi et vendredi de 18h30 à 20h.

Ce site est le "café des sports de l'ALV Team Trail" : entraînements, objectifs, conseils etc...

mercredi 8 février 2012

Désert snow trail 2012 par Serge

Après plusieurs échanges de mail, de coups de fil (viendra/viendra pas, quel matos ?, ...) et après avoir visualisé tous les bulletins météo pré et post 20 heures des 7 derniers jours (me confirmant tous des températures dignes de la Sibérie et me donnant surtout l'impression qu'Evelyne Dhéliat habite à la maison), nous nous rejoignons avec Marjo, Claude, Thierry, Nico sur le parking du resto le feu de bois, transformé en patinoire par Dame nature.

Et hop ! tout le monde saute dans ma voiture (made in Roumanie et assez spacieuse) direction Entremont. On discute. L'ambiance est douce et chaleureuse dans l'habitacle, contrastant avec les enseignes lumineuses et vertes des pharmacies croisées sur notre route nous indiquant des températures nettement en dessous de zéro (-10°C à St. Lau et – 13°C à Entremont). Ces températures semblent cohérentes au regard des stalactites de glace de plusieurs dizaines de centimètre pendouillant vigoureusement au bout desdites enseignes. Je ne veux pas casser l'ambiance et fais semblant de ne rien voir. Je soupçonne mes compagnons d'en faire de même...


On arrive sur place, on sort du véhicule et le temps de rejoindre la porte d'entrée des cristaux de glace se forment dans mes fosses nasales. Bigre ! Je me souviens avoir eu cette désagréable sensation la veille en allant chercher des steaks dans mon congélateur. Là encore, c'est cohérent, car je me souviens avoir regardé à ce même moment le thermomètre (allongé langoureusement avec ses copains les 2 mister freeze coca sur une barquette de ratatouille juillet 2011...vestiges d' un été me semblant bien loin) qui m'indiquait un bon -18°C, soit la température idéale pour conserver de la viande mais quid du coureur à pied ?
Traditionnelle récupération des dossards et direction la salle hors sac pour se changer. Combien de couches en haut ? Et en bas ? Camel back ou pas ? Pour moi ce sera une couche en bas et 4 en haut. Petite sortie pour voir nos sensations et shooter mon copain Claude et sa paire de moufles gigantesques. Juste le temps de faire 2/3 photos et l'appareil m’abandonne lâchement (sûrement le froid). 

Un petit tour en courant et retour à la salle pour poser feu mon appareil photo et ajouter une paire de gants et un bonnet par dessus ceux déjà en place. On sautille un peu et direction la ligne de départ. On apprend que pour des raisons de sécurité, le parcours a été réduit à un peu plus de 10km. Soit. Briefing inaudible, tout le monde tape dans ses gants (sauf un qui tape dans ses moufles) en guise d'applaudissement. Le top départ doit approcher. Paf ! C'est parti!
« Crouitch, Crouitch » font mes semelles, crissant sur la neige bien dure des pistes damées. Je me dis que ça va pas être trop difficile. Quelques centaines de mètres plus loin, on sort des pistes pour un joli petit coup de cul. La neige est épaisse, le peloton s'étire pour former une file indienne continue. Le froid me brule les bronches et le visage. On s'enfonce, on souffre, les appuis sont difficiles et je me dis que finalement "on va en baver". Je tiens ma place tant bien que mal et arrive au panneau km1. Réflexe stupide de marathonien, je regarde mon chrono et vois affiché 9:50 (sic).  « Que toutes les stalactites des pharmacies du Dauphiné me tombent sur le corps !!! On va en baver grave !!! » Encore pardon Marjo...elle comprendra.
On continue difficilement dans un froid polaire et une épaisse couche de neige jusqu'à où un petit panneau nous indiquant " km3 moment de vérité". Mon chrono m'indique 28mn ( sic encore), je décide de lui faire la gueule jusqu'à la ligne d'arrivée, ça lui apprendra. Et la, ça grimpe méchamment dans une forêt. On s'accroche aux branches, on pose parfois la main au sol, on vise les empreintes laissés par ceux de devant. Trois joyeux drilles me suivent de près en chahutant, blaguant et en se charriant les uns les autres. Je leur propose de me doubler mais non… ils préfèrent me suivre. La nuit tombe, j'allume ma frontale, je les écoute, ils me font marrer et j'oublie un peu la raideur de la côte. Arrivés au sommet avec ma troupe de comiques derrière mes semelles, je me dis que la descente va me permettre de récupérer. Que nenni ! Ça descend raide dans la peuf' et c'est carrément difficile de rester debout. Mes lurons étant restés discuter avec un bénévole je descends seul, titube, tombe et rejoins, non sans mal, un couple avec tenues assorties un peu devant moi. On monte, on descend, c'est difficile et j'arrive au premier ravito km5. Je me jette un Petit coca qui fait du bien et on part pour une sympathique boucle un peu plus près des habitations. Quelques dizaines de mètres plus loin je retrouve ma troupe de joyeux drilles arrêtés. Un des 3 est assis par terre. Il braille parce qu'il s’est pris le pied dans une racine un peu à l’écart de la piste. La cheville a morflé. Ils sont assez nombreux, les secours sont à 50m, pas de danger : je file. La neige est un peu plus dure. Ça va mieux. La boucle est sympa, le terrain plus roulant. Après 2km environ, on remonte sur le ravito. Je croise Florent et Nathalie, je trouve un gobelet, bois un thé chaud (mauvaise idée, avec le froid, ça coupe la respiration). Un bénévole nous dit qu'il reste 4km environ et on repart dans une montée plein champ et en dévers. Il y a du vent de côté, des congères et ça commence vraiment à cailler. Tout n'est que froid, solitude et obscurité, j’ai l’impression de courir dans le néant. Mes gants, foulards et le bas de ma laine polaire sont gelés. Je sens les cristaux de glace sur mon visage. Je suis seul mais je trouve un bon rythme, je grapille même quelques places dans ce Désert si bien-nommé. Je passe le km7. Je suis plutôt bien et passe en pilotage automatique. Je regarde l'obscurité autour de moi et mon esprit vagabonde vers des paysages froids peuplés d'esquimaux, d'ours polaires et d'igloos, je suis carrément bien…

Alors que mon imagination sans limite m'entraîne à penser  que les rênes du Père Noël doivent être super balaises sur ce type de course, mon ordinateur de bord cérébral intégré repasse en pilotage manuel m'alertant que je cours sur un chemin sans traces ou presque. Pas de doute, je me suis planté. J'interpelle le gars devant moi et le convainc facilement de faire demi-tour. On remonte quelques centaines de mètres, on récupère deux autres paumés. On retrouve la bonne route et par la même occasion je rejoins Nathalie. On échange 2 ou 3 mots sur nos sensations et on grimpe encore et toujours. Un bénévole nous dit qu'il reste un coup de cul puis ce sera la descente vers l'arrivee et le sacro-saint foyer de ski de fond. Je passe la bosse, arrive sur le replat, passe le panneau km10 (je touche au but) et distingue devant moi une silhouette immobile dans l'obscurité. Je plisse les yeux et essaie de deviner ce que ça peut être et paf ! Un gros coup de flash. C'était le photographe. Je le remercie pour cette attention et me dit que mon portrait avec sorbet de morve dans la moustache et granité de bave dans la barbe ne vaut peut-être pas un tirage format poster. Bref, malgré la lumière du flash encore gravée au fond de ma rétine, j'aperçois enfin en contrebas les lumières réconfortantes de l'arrivée et pense à la soupe chaude qui m'attend. Un petit vallon sympathique, un pont, deux virages, dernière ligne droite et c'est l'arrivée. A peine le temps de me retourner et je vois arriver Nathalie qui passe la ligne et me tombe dans les bras. On se tapote le dos, ou plutôt le Camel back , pour se féliciter de notre performance.  C'était vraiment des conditions de température extrêmes et une fois arrêtés, c'est encore pire. On saute le ravito de l'arrivée installé en plein air…parce que mourir de froid après la ligne d'arrivée ...ce serait vraiment trop con. On monte dans la salle retrouver Nico et Claude déjà à la soupe. L'ambiance est sympa, tout est très bon ( mention particulière pour les pates de fruits et le saucisson).
Satisfaits de cette course, tout le monde est malgré tout d’accord pour dire qu’au vu des conditions, ils ont bien fait de réduire la distance.
 Nathalie monte sur le podium (2ème de sa catégorie). On discute, tout le monde est heureux de « l’avoir fait », moi le premier. Les visages sont rouges et un organisateur nous indique que la température extérieure est de -21°c. Retour dans la voiture où avec nos respirations, la buée gèle à l'interieur du pare-brise. Je ne vais quand même pas proposer à mes copains un concours d’apnée après un tel effort .. Je me contente de pester contre le chauffage poussif de mon véhicule des pays de l'est ; quand Claude me rappelle, à juste titre , que la température extérieure explique la lenteur de la montée en température… tout en faisant sécher ses baskets sur la sortie du chauffage, inventant sans le savoir l’Ambi-pur car parfum chaussette mouillée/gymnase.

 Retour au feu de bois , je pose mon team souhaitant bon courage à Nico qui va le lendemain au cross régional sur l'hippodrome d'Aix les Bains.

Ce fut une course magnifique, dans des conditions extrêmes, un souvenir « pushing the limits » qui restera gravé longtemps dans nos mémoires.
Je crois qu’on cherchait tous se confronter à ce type de condition climatique, qui plus est en nocturne. On est heureux… on en a vraiment pris plein la gueule.

Un grand bravo à l'organisation, on reviendra.

Fin du CR
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